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Abstract :
[fr] On présentera naturellement « Tatoueurs, tatoués » comme la nouvelle exposition à haute teneur anthropologique du Musée du Quai Branly. Mais son originalité dépasse cette seule dimension : si la valeur ethnologique ou sociologique du tatouage a déjà été explorée dans la littérature scientifique (à défaut d’être bien connue), sa valeur artistique est sans doute plus volontiers négligée par les chercheurs. Intégrer le tatouage aux cultures alternatives dignes d’intérêt esthétique, tel semble être l’objectif avoué des commissaires Anne & Julien, fondateurs en 2010 de la revue Hey ! (éditions Ankama), une publication underground engagée offrant une visibilité méritée à des formes artistiques non conventionnelles, voire totalement marginales – parmi lesquelles le cirque, la bande dessinée, la taxidermie, le street art ou le tatouage. Le projet retenu pour cette exposition vise à montrer le basculement progressif du tatouage – d’abord « traditionnel, ethnographique, tribal ou à visée magique » – vers une dimension ornementale (donc esthétique) absente à l’origine mais s’imposant lentement à partir du 17e siècle, et plus radicalement au début du 19e siècle. Au japon par exemple, qui constitue l’un des foyers créatifs du tatouage, le dessin corporel indélébile associe son destin à celui des estampes.