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Abstract :
[fr] La configuration de Liège demeure globalement inchangée depuis le Moyen-âge. Au pied du Mont dit de Saint-Martin, lieu initial de l’implantation urbaine, trône la cathédrale Saint-Lambert et son puissant chapitre de chanoines, premier corps religieux et politique du pays. Derrière la cathédrale, se trouve le palais résidentiel où le prince-évêque demeure lorsqu’il est présent à Liège. Situé au centre de la place du marché, soit derrière la cathédrale et entre le palais épiscopal, le « Destroit » (cour de justice échevinale) et la « Violette » (siège du magistrat communal), réceptacle d’une importante charge symbolique que lui confère son histoire, une fontaine monumentale, le « Perron », sert les manifestations de l’autorité à Liège. Les pouvoirs se côtoient donc dans un espace pour le moins restreint. Dans les ruelles donnant sur la place à l’est de la cathédrale et en bordure de celle-ci, s’agglomèrent les maisons des métiers et les nombreux commerces, investis par les marchands et les artisans. A cette topographie politique et économique, répond une topographie musicale et sonore. La cathédrale et le marché polarisent les activités musicales et cérémonielles. Ce sont incontestablement les lieux les plus vivants de la ville où se presse la population pour assister aux festivités et autres rassemblements, où convergent et s’initient tant les processions religieuses que les manifestations corporatives. Les exceptions sont rares. Toutefois, l’essor de certaines dévotions et donc l’érection de nouveaux sanctuaires ou lieux de pèlerinages conséquente à celles-ci fleurissent dans le XVIIe siècle. Il induit une légère décentralisation des mouvements processionnels et festifs et fait émerger de nouveaux centres.
Au départ de cette configuration particulière et des phénomènes sonores et musicaux qui y prennent place, il s’agit de mesurer la transposition à l’échelle d’un espace relativement confiné d’une ordonnance sociale en vigueur. Des interactions entre les différents groupes sociaux et politiques apparaissent en effet, permettant de mieux lire certaines constructions sonores instituées tant par les musiciens eux-mêmes que par les divers groupes de la ville. Cette analyse permet en outre de poser la question du mélange des genres, tel qu’il prévaut jusqu’au sein même des sanctuaires de même que d’envisager la nécessité de concevoir le rite dans une acceptation visant à dépasser les catégorisations profanes et sacrées. Il faudra enfin démontrer comment certains lieux de production trouvent la légitimité de leur hégémonie artistique par l’instrumentalisation de leur position centrale.
Name of the research project :
De la ville à l’église. Musique et musiciens à Liège sous Ernest et Ferdinand de Bavière (1581-1650)