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Abstract :
[fr] Ces dernières années, les institutions Européennes ont joué un rôle clé dans la régulation et l’orientation des politiques publiques pour l’emploi des États-membres (Amparo-Serrano et Martin-Martin, 2012). Dans ce cadre, la flexicurité s’est imposée comme une référence des politiques en matière de droit du travail, d’emploi, de sécurité sociale et de formation professionnelle (Conter et Orianne, 2011). En Belgique, cette exigence d’allier flexibilité et sécurité sur le marché du travail a constitué le cœur de nombreux discours et programmes politiques, pour finir par s’estomper progressivement, à la suite de crises financières et économiques l’ayant fortement éprouvé.
Ce « concept » a-t-il pour autant effectivement disparu ? À partir d’une étude qualitative basée sur des entretiens semi-directifs menés auprès d’acteurs institutionnels – experts et analystes du marché du travail – nous nous sommes rendu compte que si la sémantique n’est plus, les principes de flexicurité sont, quant à eux, toujours présents dans le discours des individus. De plus, ces principes semblent détenir une portée normative de taille quant à la redéfinition de l’articulation des temporalités sociales : d’une sécurité de l’emploi, nous serions en train d’effectuer un glissement vers une sécurité en emploi de l’individu. La rhétorique n’est pas innocente : désormais, ce n’est plus tant l’individu qu’il s’agit de protéger (droit du travail, etc.) mais bien les transitions – multiples et sinueuses – opérées par ce dernier. Pour y parvenir, l’État le responsabilise : il doit désormais être capable de se prendre en mains : « c’est le passage d’un ‘État qui protège’ à un ‘État qui rend capable’ » (Vrancken, 2008).