Approche écologique du neuston en baie de Calvi

Le neuston, à l’inverse du plancton sous-jacent, est un milieu peu connu. Son importance écologique est pourtant réelle : il constitue d’une part une zone d’accumulation de bactéries, de molécules organiques (lipides, protéines mais aussi plastiques et polluants organiques), de débris terrestres et d’autre part, il est le lieu d’échange des gaz air-océan. Il subit les conditions météorologiques de plein fouet (précipitations, vent, lumière) tout comme les organismes qui y vivent.

La diversité neustonique est importante : une trentaine d’espèces de copépodes ont été déterminées et tous les groupes marins planctoniques en baie de Calvi se retrouvent dans le neuston. Parmi les organismes retrouvés en surface, certains sont spécifiques du neuston. C’est le cas des copépodes de la famille des Pontellidae qui sont dominés par des juvéniles.

L’abondance neustonique de la plupart des groupes rencontrés varie de manière saisonnière et journalière. L’hiver est très différent de l’été en termes de diversité tandis que le biovolume ne présente pas de variabilité saisonnière marquante. Les Pontellidae, les copépodes du genre Temora, les cladocères, l’ichtyoplancton sont des groupes estivaux tandis que les copépodes du genre Candacia et les isopodes sont hivernaux. La variation à court terme s’explique généralement par la variation de la direction du vent. Lorsqu’il amène des eaux du large, les copépodes (dont les Pontellidae) sont plus abondants, ainsi que les œufs de poisson entre autres. La turbulence, les précipitations et la concentration en chlorophylle a semblent avoir moins d’importance.

Une comparaison entre le neuston et le plancton révèle que les Pontellidae sont 200 fois plus abondants dans le neuston. Les copépodes en général, les siphonophores, l’ichtyoplancton semblent y être plus nombreux. A contrario, certains groupes sont plus abondants dans le plancton sous-jacent que dans le neuston (cladocères, mollusques, …).

Parmi les débris associés au neuston, on trouve des (micro)plastiques. On comptabilise en moyenne 7,2 fragments sur 100 m² avec un maximum de 78,8 fragments par 100 m². Généralement ils ont la taille du microplancton ou du mésoplancton et sont de couleurs différentes. Leur concentration est influencée par la direction du vent et non par la turbulence. Un vent de nord-nord-est ou d’est-nord-est apporte des plastiques dans la baie.

Le neuston est un milieu complexe car beaucoup de paramètres influencent sa dynamique et son écologie. Il est différent du plancton à certains égards, c’est un écosystème à part entière. En baie de Calvi, le vent a une grande importance sur l’abondance des espèces neustoniques ainsi que sur la concentration en débris.