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Abstract :
[fr] A ce jour, la biologie des Ophidiiformes reste peu connue car la majorité des espèces de ce
groupe est inféodée aux eaux profondes. Celles qui ne le sont pas ont adopté un mode de vie
nocturne, passant la journée cachées dans le sable, les anfractuosités d’un récif, ou un hôte
invertébré en fonction de l’espèce considérée.
Des études antérieures ont montré que les appareils de production de sons des Ophidioidei
(Ophidiidae et Carapidae) sont complexes et présentent des différences interspécifiques
marquées. De plus, l’oreille interne est généralement bien développée. Ces poissons étant actifs
dans le noir, la communication acoustique devrait tenir un rôle important dans leur biologie. Ce
travail de recherches s’attèle, par différentes approches, à étudier cette thématique en utilisant
Ophidion rochei comme cas d’étude. Cet Ophidiidae psammobionte, présente un dimorphisme
sexuel marqué au niveau de l’appareil de production de sons avec notamment la présence chez
les mâles d’une structure minéralisée à l’avant de la vessie natatoire : le « rocker bone ». Pour
mieux cerner la fonction des différentes structures intervenant dans la production et la réception
de sons, des comparaisons ont été réalisées avec deux Carapidae : Onuxodon fowleri pour la
production de sons et Carapus acus pour la réception de sons.
L’étude établit que les espèces O. rochei et C. acus peuvent entendre les sons de leurs
conspécifiques. Cependant, l’apport principal de cette partie est la démonstration que la grande
taille des otolithes (en valeur absolue ou relative) n’est pas liée à de meilleures capacités
auditives. De gros otolithes seraient principalement associés à une plus grande acuité de
l’appareil stato-acoustique pour des espèces vivant dans des milieux accidentés.
Les mâles et les femelles O. rochei produisent des sons uniquement après le coucher du soleil,
durant la période de reproduction qui se déroule de juin à octobre. Ces sons apparaissent courts et
tonaux chez les femelles, longs et pulsés chez les mâles. Ces différences dans les signatures
acoustiques sont clairement liées au dimorphisme sexuel marqué bien qu’un patron moteur
commun soit conservé chez les deux sexes. Brièvement, le muscle sonique dorsal servirait à
mettre la vessie natatoire sous tension et le muscle sonique ventral serait à l’origine de l’émission
de chaque pulse. De plus, les mâles présentent dans les caractéristiques sonores des différences
individuelles marquées qui doivent refléter leur statut reproducteur et/ou leur taille. Chez O.
fowleri, les deux sexes possèdent des « rocker bones » de taille et de forme différentes. Les sons
enregistrés sont uniquement pulsés, mais ces poissons se distinguent de nombreux téléostéens par
leur capacité à moduler le taux de pulsation. La comparaison des morphologies et mécanismes
permet de soutenir l’hypothèse selon laquelle les « rocker bones » des deux taxa sont le résultat
de convergences évolutives. Chez beaucoup de téléostéens, les sons sont utilisés pour supporter
des stimuli d’ordre visuel. Les Ophidioidei étant actifs dans le noir, les contraintes évolutives ont
principalement dû se marquer au niveau de l’appareil producteur de sons. En conclusion, la
morphologie des appareils de production de sons, le dimorphisme sexuel, les caractéristiques
uniques des sons produits, leur moment d’émission dans l’année et dans la journée soulignent la
place importante de la communication acoustique au sein des Ophidioidei.