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Abstract :
[fr] Comme son titre le suggère déjà, le dernier roman de l’auteur bengali-américain Jhumpa Lahiri, The Lowland (« La Basse Terre »), traite moins de la vie d’hommes et de femmes qu’il ne parle d’espace et de géographie, et plus particulièrement, de la façon dont certains paysages peuvent se substituer à l’Histoire, quand cette dernière n’arrive plus à ‘porter’ ses zones d’ombre, ses propres impensés. Comme son titre ne l’indique pas, cette fois, The Lowland prend pour sujet les répercussions de l’Indépendance indienne, à Calcutta et au-delà, à travers les destinées entrecroisées de deux frères, Udayan et Subhash – le premier qui embrasse la révolution armée d’obédience maoïste et la cause des Naxalites, avec des conséquences dramatiques, le deuxième qui choisit de s’exiler aux Etats-Unis pour ses études, moins par ambition personnelle ou en raison de la grande instabilité politique de Calcutta dans les années 60 et 70, d’ailleurs, que pour enfin se donner le droit de rivaliser d’audace avec son frère cadet.
<br />Si j’ai choisi The Lowland pour aborder le sujet des enjeux esthétiques et spirituels de la commémoration, c’est justement parce que dans le dernier roman de Lahiri (paru en septembre 2013 et non encore traduit en français), la thématique historique est omniprésente, bien qu’elle reste en sourdine, perpétuellement soumise à une esthétique du détour, du déplacement, et du non-dit, qui trouvera son apogée (et, pour Subhash, une certaine forme de rédemption spirituelle) dans ce que l’on pourrait appeler l’émergence d’une topographie transnationale – et bien plus, transrégionale – de l’impensé historique.