No document available.
Abstract :
[fr] Les portails occidentaux amiénois sont munis de trois représentations de la Synagogue, sous la forme bien connue d’une personnification féminine aux yeux bandés. Deux scènes particulières, montrant la Synagoga, se jouent sur des culots du portail de la Vierge, sous les pieds des Rois mages. Si l’une de ces scènes semble représenter le découronnement de la figure allégorique par le Christ, la seconde est plus énigmatique. Au portail du Jugement dernier, sous les pieds de l’archange Michel, se loge le couple antagoniste Ecclesia-Synagoga. La position éminemment négative de la Synagogue – sous le plateau démoniaque, à senestre du Christ, côtoyant le monde infernal – fait-elle écho aux récentes positions contre les Juifs prises et actées lors du Concile de Latran IV (1215) ? Afin de pouvoir amener des pistes de réflexions sur ces points, déjà soulevés par certains auteurs (W. Schlink, 1991), nous interrogerons les sources historiques sur la présence effective d’une communauté juive à Amiens et sur leurs conditions de vie. En outre, et plus généralement, nous analyserons les retombées tangibles des décisions prises lors du Concile de 1215, auquel participait Jean d’Abbeville, doyen de la cathédrale d’Amiens au moment de sa reconstruction, volontiers présenté comme « programmateur » de l’ensemble. Il est indispensable de reconsidérer soigneusement ces images et leurs composantes afin de définir leurs particularités et d’infirmer ou confirmer un « antijudaïsme » aux portails amiénois, ou du moins de pouvoir le caractériser.