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Abstract :
[fr] La psychopathie est une entité diagnostique « trouble », tant au sein de la tradition psychopathologique que dans les nosographies internationales contemporaines (DSM-IV et DSM-V). Le modèle faisant autorité en psychologie forensic est celui développé par R.D. Hare (2003) à travers une échelle diagnostique appelée PCL-R. Ce modèle rencontre, d’un point de vue théorique, plusieurs apories, et, d’un point de vue clinique, de nombreuses impasses.
Nous proposons de réaliser un exercice de compréhension psychopathologique axé sur notre pratique clinique en nous inspirant des recommandations du courant de la psychopathologie phénoménologique (Minkowski, 1966 ; Binswanger, 1960 ; Stanghellini, 2006 ; Sass, Parnas & Zahavi, 2011). Celui-ci suggère de procéder par la mise en évidence de la structure psychopathologique qui organise le fonctionnement psychologique du sujet.
De façon plus précise, nous centrerons notre propos sur deux dimensions essentielles à l’être-au-monde psychopathique. D’une part, nous réaliserons une comparaison avec l’être-au-monde maniaque à travers les variables de l’apprésentation et de la chosification de l’alter ego – telles que les développe Binswanger (1960). Nous discuterons, d’autre part, du vécu émotionnel propre à la psychopathie qui est davantage source d’adaptation (du moins en certaines situations) que de carence véritable. Ce constat nous permettra de rediscuter brièvement de la notion d’empathie en psychopathologie. Nous verrons que ces dimensions propres à l’existence psychopathique font apparaitre une thématique explicitement absente de la nosographie de Hare, celle de la morale.