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Abstract :
[fr] Dans les dernières décennies, on peut observer chez différentes agences internationales un intérêt croissant pour les méthodologies d’observation et les indicateurs urbains. Dans le monde arabe, ces agences sont un acteur influent contribuant au développement des politiques urbaines, notamment à travers la circulation des outils, méthodologies et bonnes pratiques. UN-HABITAT, en particulier, contribue à cette logique de propagation en mettant en place un nombre d’observatoires urbains locaux qui s’inscrivent dans son réseau d’Observatoire Urbain Global. La dynamique recherchée par ce réseau est surtout l’encouragement des villes à œuvrer dans le sens des Objectifs de Développement du Millénaire et de démarches d’Agenda 21, notamment à travers la mise en avant de l’importance d’un certain nombre d’indicateurs.
Notre intervention revient sur les observatoires urbains locaux dans le monde arabe, et en particulier leur appropriation des indicateurs et méthodologies d’UN-HABITAT. Malgré l’effort de systématisation déployé par l’agence internationale, l’articulation entre observatoires et action publique territoriale reste très variée. Deux facteurs influent conjointement sur cette articulation et sur la façon dont l’appropriation des indicateurs et méthodologies de l’agence se fait : la taille et les moyens de l’observatoire, et le rôle qu’il joue dans la gouvernance urbaine. Nous nous appuyons sur des entretiens avec des acteurs de ces observatoires, la participation à des réunions organisées par la commission économique et sociale d’Asie de l’Ouest (UN-ESCWA) autour des observatoires urbains en présence de représentants de ces observatoires et d’UN-HABITAT, ainsi qu’une revue de la documentation produite par tous ces acteurs.
On distingue trois situations. On voit, d’abord, les petits observatoires n’ayant pas les moyens de produire tous les indicateurs d’UN-HABITAT, comme celui de Sin-El-Fil dans les banlieues de Beyrouth, bricoler leurs propres indicateurs et méthodologies pour répondre plus directement et avec leurs ressources aux priorités des municipalités dont ils dépendent. Ceci est aussi le cas d’observatoires mis en place dans une perspective de renforcement des capacités managériales des acteurs dans un contexte de construction de politiques ou de projets stratégiques métropolitains, comme à Amman, Alep et Tripoli. Ces observatoires, tout en récupérant certains indicateurs de la liste d’UN-HABITAT, se focalisent sur les indicateurs qui permettraient d’avancer sur les questions stratégiques qui les préoccupent et d’ouvrir la discussion entre les partenaires. Par contre, d’autres observatoires, comme ceux de Jeddah et de Medina, reprennent largement les indicateurs d’UN-HABITAT. Cependant, ces observatoires, bien que très bien dotés financièrement et en ressources humaines, jouent surtout le rôle de « vitrines » de modernité pour les administrateurs de ces villes, mais n’influent que marginalement sur l’espace de prise de décision.