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La Barrière de la Meuse avant la Première Guerre mondiale (1870-1914)
Bechet, Christophe
2012
 

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Keywords :
Meuse; Fortifications; Système défensif
Abstract :
[fr] Depuis l’achèvement du camp retranché d’Anvers au milieu des années 1860, l’armée belge est appelée à se mobiliser et à se concentrer au cœur du pays. Elle doit en effet conserver intactes ses lignes de communication avec le principal port national, qui sert également de réduit défensif et de dépôt en vivres et munitions. Ce principe de concentration des forces est fixé dès la fin des années 1850 par Léopold Ier et son ministre de la Guerre le général Chazal. Deux raisons guident le souverain et son ministre. Premièrement, le faible nombre d’hommes appelés à servir sous les drapeaux ne permet pas d’entretenir une armée suffisamment puissante pour garnir les murs des anciennes forteresses des Pays-Bas méridionaux et défendre en même temps toutes les frontières du Royaume. A ce titre, la concentration au cœur du pays entraîne des économies d’échelle. Deuxième avantage, ce choix permet d’éviter à la Belgique des remontrances de la part de la France ou de l’Allemagne en cas de préparatifs militaires belges trop appuyés le long des frontières. Une fois rassemblée dans une position centrale, l’armée est en mesure de se porter ensuite vers la frontière menacée. Durant la guerre de 1870, le roi Léopold II est forcé de déployer l’armée belge jusque dans la pointe sud du Luxembourg afin de désarmer tous les soldats étrangers pénétrant sur le sol belge. Ce choix militaire ne va pas forcément de soi. Il découle d’une conception très pointilleuse de la neutralité belge selon laquelle tout franchissement de frontière, aussi léger soit-il, doit entraîner une réaction immédiate de la part de la Belgique. Si sur le plan du droit international, le principe d’une défense « à la frontière » paraît parfaitement légitime, il l’est beaucoup moins sur le plan stratégique. En effet, un dilemme de taille se pose aux autorités belges : en s’aventurant aussi loin du coude de l’Escaut, le risque est grand que l’armée belge ne soit coupée de sa base et encerclée au cours des combats par une percée massive de l’un des belligérants ; d’un autre côté, une projection peu audacieuse de l’armée belge risque de créer un vacuum très tentant pour les deux adversaires. Peu de temps avant le désastre de Sedan, à mesure que les combats se rapprochent de la frontière belge, la décision d’envoyer l’armée dans le sud Luxembourg n’est pas unanimement partagée. Mais la Belgique est pour ainsi dire acculée à ce choix en raison du droit international : elle doit prouver à la France et à l’Allemagne sa capacité à faire respecter sa neutralité par les armes, au risque de se voir reprocher après le conflit une passivité coupable. La Belgique doit en somme prouver qu’elle demeure bien une Barrière entre la France et l’Allemagne. C’est cette conception qui va guider la politique défensive belge à l’avenir. Sous l’impulsion de l’Inspecteur général des Fortifications et du corps du Génie Alexis Brialmont, deux ceintures de forts sont élevées autour de Liège et Namur (1887-1892). Les cités wallonnes sont en effet considérées comme les clefs stratégiques de la Meuse. En étudiant l’argumentaire belge utilisé au cours des débats précédant la construction des forts, nous constatons que la vallée de la Meuse y est présentée, tant par les milieux militaires que par les hommes politiques, comme un couloir à double porte – Liège et Namur – qu’il suffira de fermer au moment opportun. Une fois les fortifications achevées en 1892, Gouvernement et Armée paraissent convaincus que deux verrous infranchissables interdisent désormais l’accès au couloir mosan. Dans l’esprit de ses concepteurs, cette nouvelle barrière est suffisamment dissuasive pour inciter l’Allemagne et la France à ne pas violer la neutralité belge. Sur le plan diplomatique, les nouvelles fortifications sont présentées comme totalement impartiales et neutres puisque le verrou est censé être tiré autant face au sud que face à l’est ; ce qui n’était pas le cas de l’ancienne ligne de forteresses héritée des Pays-Bas, exclusivement dirigée contre la France. Notre exposé consistera dans un premier temps à rappeler ce contexte stratégique essentiel pour la bonne compréhension de notre communication. Dans un deuxième temps, à l’aide de citations choisies, nous présenterons l’image idéale véhiculée par les autorités belges concernant la frontière militaire de la Meuse. Enfin, dans un troisième temps, nous démontrerons en élargissant notre corpus de sources que cette image d’une frontière militaire parfaite – parfaite car étanche, impartiale et dissuasive – est loin d’être unanimement partagée, tant en Belgique qu’à l’étranger. La Barrière de la Meuse est-elle étanche ? Ni les opposants belges aux fortifications de la Meuse – à la tête desquels on trouve le leader libéral Frère-Orban – ni les commentateurs internationaux ne le pensent. La Barrière de la Meuse est-elle impartiale ? Elle a été conçue comme telle mais des doutes naissent rapidement en France ou en Allemagne à cet égard. La Barrière de la Meuse est-elle dissuasive ? Pas tant que cela si l’on songe qu’en dehors de la fortification du « couloir mosan », rien n’a été entrepris pour obstruer les deux autres grandes voies de communication belges entre l’Allemagne et la France : l’antique trouée du Limbourg et la nouvelle trouée du Luxembourg. C’est la raison pour laquelle, nombreux sont les commentateurs militaires – qu’ils soient anglais, français, allemands ou belges – qui continuent à spéculer sur une traversée probable de la Belgique. D’aucuns affirment même que loin de jouer un rôle de repoussoir, les nouvelles fortifications pourraient conférer à la vallée de la Meuse un intérêt stratégique qu’elle ne possédait pas auparavant.
Disciplines :
History
Author, co-author :
Bechet, Christophe ;  Université de Liège - ULiège > Département des sciences historiques > Hist. de la Belgique et de ses relat. internat. (19è et 20è)
Language :
French
Title :
La Barrière de la Meuse avant la Première Guerre mondiale (1870-1914)
Publication date :
14 May 2012
Event name :
2e journée d’études « Frontière » : Penser la Frontière entre Meuse et Rhin
Event organizer :
Département des Sciences historiques - Université de Liège
Event place :
Liège, Belgium
Event date :
14 mai 2012
Audience :
International
Available on ORBi :
since 29 January 2013

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