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Abstract :
[fr] L’extension du réseau ferroviaire allemand dans l’Eifel au cours des années 1880-1890 a suscité très tôt les craintes des diplomates et des agents de renseignement français. Cette extension en soi, d’abord motivée par des intérêts économiques, n’aurait suscité aucun commentaire si elle n’avait été accompagnée de l’extension du réseau ferroviaire belge dans le Luxembourg. Ce développement des infrastructures ferroviaires s’inscrivait qui plus est dans un contexte explosif de tension entre la France et l’Allemagne : bellicisme du général Boulanger et incident Schnaebelé de 1887. De son côté, la Belgique ne contribuait pas peu à alimenter ces bruits de guerre puisque les Chambres belges votaient la même année les crédits nécessaires pour fortifier la ligne de la Meuse en vue d’en interdire l’usage à un quelconque belligérant. Certes, cette crise s’apaise rapidement sur le plan de la diplomatie officielle mais un climat de méfiance subsiste, qui transparaît à travers les articles de journaux ou les rapports secrets des attachés militaires. Dans ce contexte, le réseau ferroviaire belgo-allemand est sous étroite surveillance française. En 1893, la création du camp militaire d’Elsenborn à la lisière de la Belgique vient confirmer les appréhensions de ceux qui crient depuis plusieurs années à la violation prochaine de la neutralité belge par l’Allemagne. Selon l’historiographie française de l’entre-deux-guerres, Elsenborn aurait été constitué dans un seul et unique but : prendre la place forte de Liège par surprise pour se jeter ensuite sur la France. Ce fait semble confirmer par l’adoption future du plan Schlieffen. Mais n’est-ce pas là faire preuve d’un dangereux anachronisme ? Les documents récents ont en effet révélé qu’aucun changement stratégique majeur ne s’était opéré dans le plan allemand à cette époque. Cependant, un doute subsiste. Comment ne pas y voir au moins un début d’intérêt pour le territoire belge ? A la lumière des nouvelles infrastructures apparues à la frontière belgo-allemande, le passage par la Belgique devenait « techniquement » réalisable. C’est cet intérêt renouvelé pour le territoire belge dans les milieux diplomatiques et militaires que nous étudierons dans cet article…à la veille des grands changements stratégiques du début du XXe siècle.
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