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Abstract :
[fr] L’objectif de ce volume est de faire le point sur la question du psychologisme. Nous voudrions examiner non pas, comme cela est fait traditionnellement, pourquoi et comment il faut critiquer ce type de position, mais aller au cœur du problème pour comprendre qu’est-ce que les auteurs qui ont adopté ce point de vue comptaient gagner et quel est, plus précisément, le rapport entre psychologisme et psychologie. C'est ainsi qu’une éventuelle réfutation du psychologisme pourra se fonder dans une véritable compréhension des enjeux et des nuances de cette position.
Le psychologisme s’impose comme problème à cause du paradoxe qu’il engendre : d’une part la logique est une des dimensions de la pensée, et donc elle est partie intégrante du domaine de la psychologie. D’autre part, la psychologie elle même prétend être une science et donc elle doit se soumettre aux lois de la logique. La question du psychologisme est donc, en réalité, la question de savoir si c'est bien la logique qui se fonde sur les données de la psychologie ou bien si c'est la psychologie qui doit prendre comme fondement les lois de la logique.
On le sait, le terme « psychologisme » a été utilisé surtout par les antipsychologistes, et en un sens péjoratif, pour désigner la prétention de fonder la logique dans la psychologie et de chercher par là-même les fondements de la vérité dans des lois psychologiques qui régissent la connaissance en tant qu’activité concrète de penser. La conséquence souvent déplorée de ce point de vue est que la connaissance - et la vérité qui en est la condition - se trouvent ainsi relativisées : nous entendons désormais par connaissance une activité empirique qui dépend de l’histoire personnelle du sujet connaissant et qui n’a pas de sens indépendamment de ce sujet.
Si les arguments « anti-psychologistes », qui ont été formulés à la fin du XIXe siècle par Bolzano, Frege et Husserl entre autres, semblent l’avoir emporté avec succès, nous voudrions inviter les contributeurs à une réflexion sur les effets que cette critique a eu sur la psychologie entendue en un sens large. La psychologie, en tant que science des phénomènes psychiques, se réduit-elle à une prétention psychologiste sur la connaissance ? Ni a-t-il des questions que la psychologie soulève et se donne les moyens de résoudre, qui font de la psychologie un domaine légitime et fécond de la philosophie ? La question en travail sera donc : faut-il être psychologiste pour être psychologue ? Et implicitement il y a-t-il encore un intérêt pour le philosophe de chercher des réponses dans la psychologie et à quelles questions ?
Nous proposons donc comme but de ce volume de mesurer d’une part le thème psychologiste concernant la théorie de la connaissance aux autres thèmes, peut-être plus convaincantes, que la psychologie avance à cette époque et d’autre part de mesurer l’effet que les arguments anti-psychologistes ont eu par la suite sur l’évolution de la psychologie comme science et sur sa pertinence philosophique.
Nous discuterons cette problématique à partir de Kant et jusqu’à Husserl et Frege, en passant par Fries, Herbart, Beneke, Brentano et Stumpf. Le volume inclura (sous réserve de confirmation) les contributions de Jocelyn Benoist (Université Paris 1, Archives Husserl Paris), Rudolf Bernet (KU Leuven), Federico Boccaccini (ULg), Christian Bonnet (Université Paris 1), Arnaud Dewalque (ULg), Raphaël Ehrsam (Université Paris 1), Denis Fisette (Université du Québec à Montréal), Maria Gyemant (ULg), Martin Kusch (Université de Vienne), Carole Maigné (Université Paris IV, Archives Husserl Paris) et Denis Seron (ULg).