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Abstract :
[fr] Quelle place laisse-t-on généralement à l’Idée dans le champ de la création artistique? Depuis la Renaissance, les théoriciens de l’art reconnaissent volontiers son rôle fondateur. Transformée par les bouleversements culturels et théoriques du Quattrocento, la représentation artistique moderne semble subir l’autorité de l’Idée. Telle est d’ailleurs la conception à laquelle se réfèrent encore Ernst Cassirer et Erwin Panofsky: aucun signe n’est laissé au hasard dans les oeuvres, l’artiste participant au déploiement de la pensée rationnelle. Le dialogue de ces auteurs à propos de l’Idée
platonicienne servira ici de cadre à la réflexion. Guidé par les principes du néokantisme, le débat qui anime les deux penseurs dans les années 20 (à l’époque, Cassirer et Panofsky sont collègues à l’Université de Hambourg) marquera profondément le développement ultérieur de l’histoire de l’art. Pour cette raison au moins, il importe de reprendre ici les arguments principaux de leur démonstration à deux voix. Aujourd’hui, pourtant, la création artistique n’est plus automatiquement rapportée au concept d’Idée. Rares sont les théoriciens qui voient encore l’objet artistique comme la seule matérialisation d’une entité intelligible séparée. Le couple matière/forme semble lui-même dépassé. Et, de manière générale, la plupart des catégories esthétiques sont mises en cause par les nouvelles définitions de l’image. Parmi ceux qui résistent à la tendance «idéalisante» de l’histoire de l’art, Georges Didi-Huberman est probablement celui qui inscrit le plus explicitement son propos dans le débat initié par Cassirer et Panofsky.