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Abstract :
[fr] La Belgique ne semble pas faire exception aux conclusions séculaires de John Stuart Mill pour qui « the united public opinion…cannot exist [in a country which citizens] read an speak different languages ». Pour le promoteur du modèle consociatif Arendt Lijphart, cette séparation sociologique et politique n’est cependant pas problématique et, tout au contraire, elle est souhaitable et recommandée. Ainsi, la Belgique a acté et adapté cette division socio-politique à son architecture institutionnelle. Parmi ces modifications institutionnelles, nous pouvons notamment observer l’évolution du système électoral belge vers ce qui constitue un parfait exemple des prescriptions consociatives en la matière. Néanmoins, les critiques ne manquent pas quant aux effets pervers de cette logique électorale sur la vie politique belge. Dans ce contexte et plus particulièrement au cours des dernières années, la proposition d’une circonscription électorale fédérale semble avoir rencontrée un écho particulier auprès des médias et des états majors des partis (Sinardet 2010, Deschouwer & Van Parijs 2007). Mais cette proposition est-elle en mesure de répondre structurellement à l’ « impossible » stabilité démocratique des sociétés plurilingues soulevée par John Stuart Mill? Cette proposition de communication propose une analyse originale de la question. En effet, en matière de réforme électorale, peu d’études sont réservées à l’analyse des perceptions des citoyens, et encore moins les raisons qui fondent leurs opinions. Pourtant, la mise en place d’un protocole délibératif particulier (un atelier scénario) nous permet de répondre à certaines questions majeures concernant les perceptions citoyennes: qu’en pensent-ils réellement ? Se sentent-ils seulement concernés et visés ? Si oui, sont-ils favorables à l’adoption d’une telle innovation électorale ? Et surtout, quelles sont les raisons qui sous-tendent leurs opinions ? À cette fin, nous analyserons et exposerons les résultats obtenus au travers de deux ateliers scénarios réalisés à Liège à l’automne 2009.
[en] Belgium constitutes a good illustration of Mill’s statement about public opinion in divided societies: “the united public opinion…cannot exist [in a country which citizens] read and speak different languages” (1993: 391-7). However, according to Lijphart (2007), sociological and political divisions are not problematic. On the contrary, his seminal work on consociationalism promotes such separations among social groups through power-sharing and self-rule. Concerning its electoral system, Belgium represents a striking case of consociational design; whereas criticised by several due to its consequences on the Belgian political system. Indeed, it implies an ethnicisation of political life while it favours intra-groups’ claims escalation as well as it prevents inter-groups communication. In this respect, the proposal for a federal electoral constituency (FEC) in Belgium was put back on the agenda in 2007. First proposed in 1979, the proposal was quite fairly debated during the electoral campaign and government formation.This proposal offers deliberative perspectives to that question. Indeed, electoral studies do not tackle citizens’ perceptions, at least not directly, nor do they focus on reasons of citizens’ opinions. Yet, a specific deliberative methodology (scenario workshop) can explore this research path. Based on data collected during autumn 2009, we can offer tentative answers to crucial questions relating to citizens’ opinions about the FEC: what do they think? Do they feel involved and concerned by this debate? Do they agree or disagree with the electoral reform proposal? And, more importantly, why do they think so when invited to deliberate with other citizens, politicians and experts?