Abstract :
[fr] Lorsqu’ils font l’histoire d’(À Suivre), nombre d’auteurs insistent sur ses grandes figures. Ses auteurs bien sûr, au premier chef desquels les incontournables Tardi, Pratt, Comès et quelques autres ; son rédacteur en chef emblématique également, Jean-Paul Mougin, précieux catalyseur de talents. Pourtant, ce qui fait le succès d’une revue, c’est aussi toute une variété d’acteurs de l’ombre, d’échanges et de circulations parfois peu spectaculaires, mais qui n’en sont pourtant pas moins décisifs : la gestion des abonnements, le secrétariat de rédaction…. Une modeste ambition de ce chapitre est de saisir comment l’écho rencontré par (A Suivre) à l’étranger n’est pas seulement le fait de certains grands auteurs aux carrières transnationales, comme Pratt, Manara ou Muñoz & Sampayo, mais de montrer que cette image est inséparable du développement chez Casterman d’un marché de cessions de droits de reproduction et de traduction. Il s’agit de donner voix au chapitre à ces « travailleurs invisibles de la bande dessinée ». Pour le dire autrement, l’identité d’une revue comme (À Suivre) ne se joue pas seulement par la création – par une politique éditoriale audacieuse qui ferait advenir d’audacieux génies – mais aussi par la circulation (achats, reventes) des récits à l’extérieur, une circulation qui contribue au rayonnement de la revue, à la diffusion et la formalisation de son identité .